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dilluns, 13 d’abril del 2020

Assis sur mon banc

On dirait qu’ici tout le monde fait à-peu-près la même chose. Je dis “à-peu-près”, pas du tout comme un recours stylistique pour habiller le texte que vous lisez, sinon comme une appréciation de poids dans le but de fidéliser la description de tout ce que je vois depuis ce banc où je suis assis dans la rue. Hier, j’ai fait le même exercice dans une autre rue du quartier et peut-être celui est bien le motif qui me motive à écrire “à-peu-près”, car c’était alors là que j’ai pu constater comme des gens vont et viennent. Aujourd’hui et par contre, je vois des gens qui viennent et vont donc, je pourrais être content ; content de témoigner tout ça ici, sur ce bout de papier, mon petit journal intime sur ma vie. Par contre, pas la peine d’ajouter « quotidienne » sur le mot « vie ». La vie est toujours quotidienne, ça ne sert à rien de le dire et redire. En tout cas, elle est ainsi pour moi et pour tous ces gens que j’ai vu aujourd’hui, hier et les jours précédents, assis sur un banc, le mien lorsque je suis au-dessus. On peut conclure donc que c’est ainsi, la vie est toujours quotidienne, et elle l’est quand-même pour tout le monde. Il faudra me convaincre, et faire un gros effort pour réussir à me convaincre que ce n’est pas comme ça. Prenons comme exemple un petit état des lieux, à nouveau, tout de suite ! Vous voyez ? On voit du monde qui se promène sur ce trottoir en montant la rue. D’autres font la même chose en descendant. Vraiment, je suis d’accord, c’est pas le Pérou, ce constat. Pourtant, j’ai réussi tout simplement à démontrer et vous montrer que tout, absolument tout, s’équilibre. Excusez-moi, voilà une petite touche colorée lumineuse parmi la grisaille que je viens de remarquer en face de moi, ici à l’angle avec la rue Saint-Jacques. Un bonhomme vient de s’arrêter en face du distributeur de billets pour introduire sa carte bleue. En toute sécurité un petit automate de l’autre côté va déduire l’argent du compte bancaire du monsieur puis quelques secondes après finira par faire déboucher, exactement la même quantité déduite en espèces, par son petit orifice. Et ben, voilà, tout s’équilibre ! Je suis content quand-même pour lui de voir qu’il a pas mal d’argent, ce bonhomme ; et cette réaction à moi doit faire partir, je pense, de cette loi d’équilibre dont on parle car la réalité et que je n’ai que quelque pièce dans ma poche. L’homme en question, dorénavant, brave homme, m’a vu sourire assis sur mon banc, tout à fait inoffensif, journal intime et stylo en main. Je sais et il sait que mon geste-réflexe a été quelque chose de bien naturelle, spontanée, et donc, vraiment rare dans ce monde qu’on regarde et que je vous décris, autant aujourd’hui comme hier, comme les jours précédents. Peut-être, ça a aidé le fait que je ne sois pas trop bien habillé, à vrai dire, mais on s’est compris de suite. Il n’a pas dû trop y réfléchir que je l’ai devant moi ; il me salue et même si je n’étais pas en train de faire la manche, je reçois un billet de sa part : -Merci beaucoup, monsieur. Je vous souhaite une excellente journée-. Bien sûr qu’il s’agit du plus petit billet de la poignée que le distributeur vient d’éjecter mais maintenant viens ici, toi, mon petit, voilà mon chéri, dans ma poche ! Et dis donc, ça va quoi, cette théorie de l’équilibre cosmique que j’ai entendu à la radio il y a quelques jours. Et ça doit aller car il est un peu tard déjà –c’est ça qu’on dit quand on ne sait pas dire autre chose- et une vérité grosse comme un maison, je le jure, ce serait de reconnaître que j’ai faim. J’ai envie de bouffer. Il va s’agir donc pour l’instant de rééquilibrer ces taux de frustration et angoisse dans mon ventre avec une petite collation pour le prix de ce petit billet dans ce quartier latin mais huppé. Je pense qu’on finira par trouver quelque chose, soit un McDo, soit un petit lumpenprolétariat supermarché bon marché, bien discret, bien caché, tous les mille mètres carrés, pour que personne ne puisse dire qu’à Paris on n’arrive pas à remplir son panier. 

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