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dijous, 11 d’abril del 2019

Paris (75)

Paris c’est tout. Ailleurs c’est rien. Le reste, bon, ça existe, mais ça fait pas partie de tes rêves car tu ne le connais pas. En revanche, Paris, tu l’as vue depuis que tu es tout petit à la télé, au ciné, dans les livres et surtout, dans l’atlas de géographie et histoire de ton père qui l’avait acheté à l’époque, afin que tu partages depuis tes premiers jours la joie d’admirer et vouloir connaître les plus beaux endroits du monde ainsi que les plus belles réussites de l’homme. Et ben voilà, Paris et sa Tour Eiffel étaient là-dedans. Donc, rien que pour ça, au bout de quelques années il n’y a d’autre destination pour toi que Paris, mon chéri. Tôt au tard, tu savais que tu allais partir. Paris, le noyau, le cœur de la France. Bon, disons que ce n’est pas tout à fait le centre géographique, de même que le cœur ne l’est pas non plus du corps humain. Tant pis. On a ramassé tout l’imaginaire français et on l’a concentré dans les presque quatre vingt dix kilomètres carrés contournés par le périph. On a pris la plupart du vin, champagne embouteillé, pastis, calva et cognac et on les a acheminés ici. On a emballé le meilleur du fromage et foie gras de l’Hexagone vers Rungis, puis on les a rangé dans les étagères des boutiques les plus chics de ses jolis arrondissements. Pareil avec le reste des produits étrangers de la plus haute catégorie, n’importe quel coin du monde car, en raison de leur provenance, il y aura toujours un ou plusieurs des vingt et un arrondissements qui seront nommés preneurs à l’instant de chaque produit en question, rien que pour ton plaisir immédiat mais, hé, si t’as de fric, attention. Paris a tout le meilleur du monde mais prépare ta cagnotte. Paris t’attire comme un fou et tu te demandes pourquoi. Tu fais tes premières études en province mais tu rêves pour aller un jour les poursuivre à Paris. Il sera important, plutôt essentiel, que dans l’intitulé de ton école on mette le libellé « Paris ». Pas question de tromper les gens et se tromper soi-même. Autant d’efforts, de dépenses et de créances familières pour joindre un bon jour Paris et qu’après on risque d’avoir des malentendus pourris pour une simple absence de libellé dans ton CV. Pas de souci pour l’argent qu’il te faille en tout moment car dans la vie il faut s’investir, ta famille le sait bien, on fait pas des cadeaux, c’est pas exactement comme un monsieur nous a dit de juste traverser la rue et trouver du boulot, il faut s’investir quand-même, biloute. Et alors? T’as déjà fini tes études ? Pas question de revenir chez toi rapidement, non, mon petit. Tu vas travailler à Paris quelque temps encore. On n’a qu’a faire ça pour redonner à la capitale tout ce qu’elle t’a fourni, ton diplôme déjà en main. Tu vas y rester encore même si tu n’es pas fait pour ça, mais c’est la honte de devoir te le dire. Je ressens que tu veux quitter Panam, que tu n’arrives pas à te trouver tout à fait à l’aise. Je te reconnais, en revanche, que t’as pas mal profité ces quatre années à Lutèce, ses infinis cafés, restos, musées, ateliers, boîtes et événements à l’air libre comme tout bon élève mais maintenant, est-ce qu’il te manque encore quelque chose? C’est pas possible ! Viens, viens car je ne peux même pas y croire. Un appart? C’est plein d’apparts ici, mon petit monsieur. Mais, fais attention. C’est pas la même chose ici qu’en banlieue. La banlieue, même banlieue chic c’est banlieue, t’as compris ? Tu te débrouilles pour faire apparaître et tamponner le 75 dans l’adresse. Si pas possible tu m’auras déçu et tu auras déçu surtout à Elle, avec toute la joie qu’elle t’a apporté pendant ta dernière période d’études. Tu dois l’aimer et donc, cherche un appart intramuros, ok ? C’est ça, la classe! Quelques jours des rendez-vous et des passages aux cabinets immobiliers et ouais, tu as raison, vraiment c’est un peu cher, hein? Faudra que tu trouves une couple rapidement, homme ou femme, je m’en fous de ce que tu fous au lit. Vas chercher quelqu’un qui gagne ton salaire ou bien même plus car souviens-toi que ton but est d’acheter ton appart, même un sixième sans ascenseur et avec du vieil tapis et de la moquette, des humidités et du bois qui grince partout où tu mets le pied. Et ouais, ça pue, mais c’est Paris, dix mil euros le mètre carré en achat ou cinquante en loc mensuelle, ça commence à aller. Ça doit être celle-là, ta fierté ! S’il te plaît, pas d’excuses, ne me dis pas maintenant que t’as tourné une page et que t’es fatigué de faire la fête, que t’as déjà rencontré quelqu’un et peut-être t’avais déjà envisagé de retourner chez toi au bled, les pieds dans la boue, tranquillo. C’est quoi, ce délire? Regarde-moi aux yeux, hé, ho, je te parle, fais pas cette mine-là, regarde-moi, toi! Eh ben mon pauvre. Que t’arrive-t-il comme tuile ? Tu sais qu’est-ce qui t’attend là-bas chez toi en campagne après le premier mois, plein de pots d’arrivée et de rencontres puis une fois déjà bien installé ? Toujours la même chose. Rien. Que de la précarité. Du chômage. Enfin, de la médiocrité. Ouais, tous les jours, jusqu’à la fin de tes jours. Alors, est-ce que c’est ça que tu veux, mon petit? Ici, la vie est vibrante, complète, épanouissante, triomphante. Tu ressens les choses de la même façon que le protagoniste du film de Woody Allen, Minuit à Paris. L’histoire et la gloire de la France sont bâties sous tes pieds. Paris est une fête, disait Ernest Hemingway, et c’est vrai ! C’est rare que tu te fatigues ici, cette ville étant interminable. Des coins partout avec un morceau d’histoire chacun t’attendent pour être découverts. Bon, écoute, si un jour tu ressens un coup de blues et tu souhaites revoir ta famille ou aller aux montagnes et faire du ski ou de la rando, je comprends, tu prends un weekend le TGV et voilà c’est tout, comme on fait tous, ici. Tu pourras quand-même voyager et visiter périodiquement nos villes amies, Londres, New York, Tokyo, Chicago, Singapore, Hong Kong, Los Angeles, Rome, et même –entre nous, ok ?- tirer un coup à Las Vegas ou Rio si ça te va, tu prends un avion direct quand tu le souhaites. Ces villes que je viens de dire sont et seront tes vraies liaisons demeurant à Paris, tu seras ainsi prêt à la conquête de la planète. Pas de problème. Mais ok, je te comprends enfin mon petit, tu voulais pas vivre à Paris au début, mais heureusement que je suis là pour te faire comprendre que tu n’as pas le choix. C’est toi qui décides, tu peux faire ce que tu veux, bien sûr, on s’est battu pour devenir des citoyens livres, égaux et fraternels, n’est-ce pas ? Mais si tu restes pas au 75, je te le dis, tu vas rater ta vie, biloute, t’es mal barré!

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