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dimecres, 25 de setembre del 2019

La tranchée blindée

Je viens de recevoir une visite à la maison. Une visite inattendue, sans doute. Au début, je n’ai rien compris du tout. J’ai dû imaginer un prétexte avant qu’on me l’explique. Parce que tout en fouillant dans le fond de mes pensées, je dirais de n’avoir pas du tout le souvenir d’une demande d’envoi d’un colis pareil, un camion complet ramené par un chauffeur qui maintenant se promène chez moi comme dans un moulin, sa clope tenue à la confortable, entre le bout du pouce et de l’index, les autres doigts repliés. Le gars, lui, tranquillo, tout en attendant mon accord. Il vient de me faire signe qu’il va manger quelque chose avec sa main droite et qu’il revient après. En fait, le plus bizarre a été le fait de constater que personne ne m’a su prévenir de cette arrivée alors que quand-même ça fait quelque temps que j’étais derrière de quelque truc pour donner réponse à mon souci, mais je ne connaissais pas ce qu’il me manquait. Outre le fait que j’avais croisé une petite tranchée pour essayer de voir si à quelques mètres de profondeur j’allais trouver de l’eau, je n’ai rien fait d’autre pour me trouver en face de ce transporteur que je vois traîner en ce moment comme je vous ai déjà dit, avec son camion garé en face de chez moi. De l’eau, j’en avais envie, ouais, j’ai toujours soif en fait, compliqué à savoir s’il s’agit de l’eau plate, pétillante, limonade, etc. Vous le voyez, pas besoin qu’on clarifie davantage, en face de vous un cas figure compliqué, capricieux, inquiet, enfin, bref, très facile à supporter lorsqu’on est jeune, très compliqué à danser avec lorsqu’on ne l’est pas autant. Toujours prêt pour un gros projet, un gros chantier, quelque truc d’envergure, grosse échelle, sans imaginer pourtant la typologie, la durée, les moyens pour le mener à bien. Voilà le doute et hésitation qui plainent sur ma tête depuis longtemps car il est dommage de se sentir prêt à quelque chose, bien capable, able to et, pourtant, rester assis fixé sans bouger en attendant que la boussole s’arrête toute seule pour fournir une direction précise, pareil que la roue de la fortune mais sans avoir dépensé un franc. Entêté à trouver de l’eau, j’ai pas mal rêvé avec, je l’ai imaginée de toutes les couleurs, saveurs, débits, j’avais même acheté des pompes avant l’heure pour en faire face, en cas de débourrage. Bien équipés contre une aléa sur laquelle on ne connaît pas encore la forme. Ce n’est pas possible, il y a un truc qui ne va pas, vous me direz. On a mis la charrue avant les boeufs… quel genre d’équipement, c’est ça, alors ? Un équipement de prévention qui sert à tout, sert plutôt à rien, on ne va pas se mentir. Vous avez tout à fait raison, il va falloir donc penser qu’est-ce qu’on cherche plus particulièrement et le plus intéressant, le pourquoi. Va falloir éclairer notre lanterne si on veut quand-même profiter de tout ce qu’on a appris. Disons que je cherche de l’eau car j’ai soif, jusqu’à ici tout va bien, mais mettons que je poursuis la fouille de ma tranchée, je ne sais pas de quelle manière mais bon…et contre toute attente j’arrive à trouver de l’eau salée. Ah, alors, peut-être je serais mal barré, pour ne pas dire autre chose en buvant cette eau salée. Et c’est comme ça que j’ai compris la visite reçue ce matin dont je vous parle. Si on entre en matière, on doit parler d’une semi-remorque de plusieurs axes, plein, bondé à étais, bracons et butons, en provenant d’un endroit qui me dit quelque chose, vraiment familier, lequel cependant je n’arrive pas à découvrir. Tout ce matériel a pour but de me permettre mieux continuer la fouille de ma tranchée, vrai et seul objet de mon chantier, continuer à fouiller dans des meilleurs conditions de sécurité ainsi que d’un côté purement technique, car la longueur exceptionnel de ces butons jamais vus me permettra des largeurs de tranchée non connues jusqu’à la date et cela me rend heureux comme un poisson dans l’eau. Le chauffeur, un brave homme, a passé des heures papier à la main pour que je le signe. Au début, j’ai pensé que c’était une erreur et même après quelques appels à la terre entière pour effectuer des vérifications, je n’ai pas reçu de réponse. Néanmoins, le chauffeur insiste de façon très éduquée mais ferme, avec des gestes clairs, qu’il ne partira pas sans décharger ledit semi. Fatigué d’attendre toute confirmation je vais procéder donc à signer le papier au bonhomme. C’est sûr qu’avec tout ce machin bien positionné sur la tranchée, on va arriver plus bas en creusant plus large et sécurisé. Au moins, comme ça, on aura toujours de la lumière extérieure,  contrairement à ma petite tranchée actuelle, déclenchée un peu à l’aveugle et sans méthode préalable je vous avoue, laquelle devenait de plus en plus noire et dangereuse au fur et à mesure de la descente. Je serai rassuré maintenant car de cette façon je vais travailler en ayant réfléchi à long terme et éviter ainsi tout risque d’effondrement, même  dans certains périodes d’inactivité, soit congés, soit détente, soit un arrêt, voilà. La tranchée tiendra quand-même. Le travail de la fouille n’aura jamais été donc en vain, elle restera, quoi qui ce soit, toujours ouverte. Ma maison, mon chantier, mon financement, mon budget, je ne suis pas pressé, faisons des choses bien faites. Voilà, le papier signé et le camion qui vient tout juste de repartir chez lui. Je n’ai pas osé demander au transporteur d’où il venait car il ne parlait pas français mais j’ai cru comprendre un accent charmant du sud dans les deux seules phrases qu’il m’a adressé, son « bonjour » et «pas de problème ». Je suis resté comme un con quelques minutes la tête en l’air, bon de livraison et clope à la main, moi, à la classique. Le soutènement et le butonnage pour ma tranchée, c’est bien, mais ça a été encore mieux l’effet inattendu et désintéressé de l’expéditeur anonyme et c’est cela qui va devenir ma chandelle et l’étai de mon état d’âme pour la suite. Je ne sais pas, en fait, si je suis plus content pour le matériel de soutènement ou bien du fait de me sentir soutenu. Non, je ne suis pas naïf, je crois bien aux actions désintéressées, en danger d’extinction mais encore existantes et une des raisons de vivre. Alors ce que je vais faire c’est de publier ce conte dans le nuage pour remercier de façon temporaire cet expéditeur le cas où il me lise quelque jour et puisse se reconnaître dans ces lignes.

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